Aimer quelqu’un, c’est simple. Mais aimer alors même que les besoins d’attachement se heurtent ? C’est une toute autre histoire.

Vous vous sentez dévoré par le besoin d’être rassuré, pendant que votre partenaire cherche constamment à prendre de la distance ? Vous êtes peut-être dans une dynamique anxieux-évitant. Est-ce que cela peut fonctionner ? Peut-on transformer ce schéma ? Et comment y parvenir ? C’est ce que nous décortiquons dans cet article.
Bienvenue sur mon blog, je m’appelle Claire Stride, je suis spécialisée en neurosciences et en psychologie de l’attachement.
Qu’est-ce qu’un couple anxieux-évitant ?
La relation anxieux-évitant repose sur deux polarités émotionnelles, deux manières opposées de gérer le lien. Mais aussi, sur une attirance puissante.
Définition de l’attachement anxieux
L’attachement anxieux se manifeste par une peur récurrente de l’abandon. Vous avez besoin de signes constants de réassurance. Ce style d’attachement s’enracine dans une enfance marquée par des figures parentales imprévisibles ou peu disponibles émotionnellement.
Ce style d’attachement touche souvent les personnes en quête de validation, de fusion, ou en proie à une hypervigilance relationnelle.
Définition de l’attachement évitant
À l’inverse, l’attachement évitant se construit sur le refus de dépendance. On perçoit comme risqué d’exprimer ses émotions ou de se montrer vulnérable. Ces personnes valorisent l’autonomie, fuient les conflits, et se retirent dès qu’elles se sentent envahies.
Le partenaire évitant donne une apparence de maîtrise, mais cache souvent une grande peur que l’autre l’envahisse ou le juge.
Pourquoi ces profils anxieux-évitant s’attirent
Parce qu’ils rejouent, sans en avoir conscience, leurs modèles relationnels d’enfance. L’un réclame du lien, l’autre réclame de l’espace. Et chacun active, chez l’autre, la blessure qu’il tente de fuir. Ce paradoxe crée un cycle de dépendance émotionnelle et de retrait protecteur, aussi douloureux qu’addictif.
C’est une dynamique puissante, mais instable, souvent répétitive.
Les difficultés typiques dans la relation anxieux-évitant
Quand deux systèmes de protection entrent en collision, la relation se transforme un terrain miné de malentendus.
Communication et conflits
L’un verbalise tout, l’autre se ferme. L’anxieux veut régler les tensions immédiatement. L’évitant les repousse. Résultat : incompréhension mutuelle et frustration accumulée.
La communication devient un champ de bataille où chacun tente de survivre, plutôt que de se comprendre.
Distance et besoin d’intimité
L’un demande plus de proximité, l’autre fuit pour préserver sa sécurité intérieure. Ce déséquilibre crée une tension constante. Pourtant, personne n’a tort : les besoins sont simplement différents et méritent d’être nommés.
L’un perçoit la proximité comme nourrissante, l’autre comme menaçante.
Cycle anxieux/évitant
Plus l’anxieux se rapproche, plus l’évitant s’éloigne. Et plus l’évitant s’isole, plus l’anxieux s’accroche. Ce cercle vicieux alimente l’insécurité affective des deux partenaires.
Ce cycle de poursuite et de retrait est typique du couple anxieux-évitant.
Exemple concret de schéma relationnel
Camille envoie plusieurs messages par jour, pour se sentir aimée. Marc ne répond que le soir, en rentrant du travail, une fois sa journée terminée. Avant, il n’est pas disponible émotionnellement. De plus, il aime prendre son temps, accorder du temps de qualité. Quand il aperçoit tous les messages de Camille, il se sent étouffé. Camille, elle se sent ignorée, envoie encore plus de messages. Elle ne comprend pas pourquoi il ne prend pas trois minutes pour lui répondre. Elle voit cela comme un manque d’amour. Marc se referme.
👉 Et le schéma se répète, créant du stress, de la confusion, et une impression d’échec permanent.
Peut-on faire fonctionner un couple anxieux-évitant ?
Certaines dynamiques peuvent sembler vouées à l’échec sauf si l’on en comprend les rouages.
Les risques de la dynamique anxieux-évitant
Si rien n’est travaillé, le couple s’épuise. L’un dans l’attente, l’autre dans la fuite.
Mais si chacun apprend à reconnaître son style d’attachement, à en parler, à en nuancer les effets, alors un équilibre devient possible.
Le couple anxieux-évitant n’est pas voué à l’échec. Il peut même s’enrichir de cette complémentarité : le lien apporté par l’un, l’espace offert par l’autre.
👉 Cette dynamique non régularisée est l’une des premières causes de ruptures non comprises.
Les ressources et la complémentarité de ce couple
Quand chacun comprend son propre fonctionnement, un terrain de coopération peut émerger. L’un apporte l’émotion, l’autre la régulation. L’anxieux pousse à la connexion, l’évitant stabilise la relation en gardant la tête froide. Ensemble, ils peuvent créer une dynamique équilibrée entre lien et autonomie.
Ce couple peut fonctionner, s’il s’engage à sortir du pilotage automatique.
Solutions et pistes pour trouver l’équilibre
Des chemins vers plus d’harmonie existent, à condition de les emprunter avec lucidité et patience.
5 clés de communication dans le lien anxieux-évitant
→ Identifier ses besoins avant de parler
Prenez un temps seul pour analyser ce que vous ressentez et ce que vous attendez réellement. Trop souvent, nous engageons une conversation sous le coup de l’émotion, sans avoir clarifié notre besoin. La communication commence par l’auto-connexion.
→ Ne pas interpréter le silence de l’autre
Le silence n’est pas forcément un signe de désintérêt ou de rejet. Il peut simplement refléter un besoin de retrait, une surcharge émotionnelle ou une manière différente de gérer le stress. Dans une relation anxieux/évitant, l’anxieux peut interpréter ce silence comme un abandon, tandis que l’évitant s’en sert pour se réguler. D’où l’importance d’exprimer ce que vous ressentez sans accuser :
« Quand tu ne réponds pas, j’imagine que tu es fâché ou distant, est-ce le cas ? »
Cette phrase ouvre à l’échange au lieu d’installer le doute.
→ Formuler des demandes claires
Exprimez votre besoin avec douceur et sans attente rigide. Par exemple : « J’ai besoin de me sentir écouté. Est-ce un bon moment pour parler ? » Cela ouvre le dialogue sans forcer l’autre.
→ S’écouter sans interrompre, réagir sans accuser
Dans une dynamique anxieux/évitant, chacun parle souvent depuis son insécurité, pas depuis son cœur. L’anxieux peut couper la parole pour se rassurer, l’évitant se fermer pour se protéger. Mais écouter jusqu’au bout, sans préparer sa réponse pendant que l’autre parle, c’est déjà transformer la relation.
De même, lorsque vient votre tour de répondre, évitez les formulations accusatrices du type : « Tu ne m’écoutes jamais ».
C’est en parlant de votre ressenti, pas en jugeant l’autre, que vous créez un espace relationnel sécurisant.
→ Apprendre à recevoir un « non » sans se fermer
Dans un couple anxieux-évitant, entendre un refus peut raviver des blessures profondes. Pourtant, accueillir un « non » comme l’expression d’un besoin différent, et non comme un rejet, est une compétence clé. Cela renforce la sécurité du lien, à condition d’être accompagné dans cette pratique.
Ces bases de la communication non violente sont indispensables pour sortir des interprétations erronées.
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Importance de la thérapie individuelle/couple
Soyons honnêtes, parfois avec toute la bonne volonté du monde, cela ne suffit pas. Un travail sur son histoire d’attachement permet de s’éloigner de la réaction automatique. En couple, la thérapie restaure un dialogue sécurisé, de repérer les cercles vicieux.
Depuis des années, j’aide celles et ceux qui veulent transformer leur schéma d’attachement, reprogrammer leur cerveau et créer des liens sains et durables : prendre RDV.
Exercices pratiques pour l’attachement sécurisant
- Prendre un moment quotidien pour vous dire ce que vous avez apprécié.
- Instaurez un rituel de reconnexion (balade, regard, toucher).
- Tenez un journal d’auto-observation : « Comment je réagis quand l’autre se retire ? » « De quoi ai-je besoin, là, maintenant ? ».
Ces outils simples activent les circuits de régulation émotionnelle et favorisent un lien apaisé.
Quand consulter un spécialiste de l’attachement ?
Dès que la relation vous fait plus souffrir qu’elle ne vous épanouit. Ou si vous sentez que vous répétez toujours le même scénario. Un spécialiste de l’attachement soutiendra votre changement, vous donnera des postes pour améliorer votre manière d’entrer en lien.
→ Il vous aidera à passer d’un style insécure à un attachement sécurisant, base de toute relation durable.
Chaque style d’attachement porte ses défis, mais aussi ses clés de transformation. Un couple anxieux/évitant, ce n’est pas un couple condamné. Mais c’est un couple qui a besoin de clés. Oui, ce schéma peut évoluer. Un simple pas suffit : une prise de conscience, un changement de posture, une demande d’aide. Vous n’êtes pas seul.
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