Votre partenaire se comporte différemment d’habitude, il semble distant, vous sentez un froid dans sa voix. Ce n’est sans doute rien, vous essayez de balayer vos inquiétudes et de vous raccrocher à votre amour. Mais c’est plus fort que vous : vous ruminez, vous paniquez à l’idée qu’il ou elle puisse vous tromper. Dès lors, c’est l’enfer mental qui commence : suspicion, recherche de preuves. Et si c’était vrai ? Est-ce votre intuition qui parle ? Une angoisse sourde ? Ou un manque de confiance qui s’immisce dans le lien ? De quoi s’agit-il exactement, pourquoi ai-je si peur de l’infidélité de l’être aimé ?
Bienvenue sur mon blog, je m’appelle Claire Stride, je suis spécialisée en neurosciences et en psychologie de l’attachement.
Pourquoi a-t-on peur de l’infidélité ?
Cette peur ne naît jamais de nulle part. Elle s’installe en nous, parfois sans bruit, parfois après un choc, mais elle finit toujours par parler. Que dit-elle de nous, de nos racines traumatiques ?
L’attachement anxieux : aimer, mais avec la boule au ventre
Certaines personnes vivent leurs relations sous tension constante. Parce que leur cerveau associe amour et insécurité.
Ce sont souvent des profils à attachement anxieux : toujours dans l’attente d’une preuve d’amour, à deux doigts de la panique. Ces personnes ne supportent pas les zones grises. Chaque micro-doute devient une alerte rouge.
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Dans ces cas-là, la crainte de l’infidélité ne parle pas de ce que fait l’autre, mais de nous et de nos insécurités profondes. Le point central ? La peur, l’angoisse de perdre le lien. Cette peur s’accroche à ce qu’elle trouve sur son passage. La fidélité n’est pas le problème. Ce sont vos schémas de pensée irrationnelle qui entrent en jeu. Vous nourrissez l’idée que le lien est dangereux.
Parfois même, vous choisissez un partenaire insécurisant, alors même que vous avez besoin du contraire. Pourquoi ? Parce que vous ne connaissez que cela. Que changer est inconfortable. Et inconsciemment, nous faisons des choix, des actions, qui finissent par donner raison à nos croyances.
Il est urgent de sortir de ces patterns, de vos blessures passées.
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Les cicatrices du passé : ce que la trahison a laissé en vous
Peut-être avez-vous déjà été trahi ? Ou l’un de vos parents a vécu la trahison de l’autre ? Cette trahison a ouvert une porte, une brèche que vous n’arrivez pas à refermer. Vous voulez pardonner, mais c’est plus fort que vous : vous ruminez encore le passé.
Ces expériences traumatiques laissent une trace. C’est un choc, pire, un deuil. Celui de la relation parfaite, celle qu’on te raconte dans les contes de fées.
Le traumatisme a existé, certes, mais vous ne devez pas le laisser diriger votre vie, au risque de recommencer indéfiniment la même histoire. Si vous avez souffert d’infidélité dans le passé et que vous n’avez pas travaillé sur cette expérience, vous ne guérirez pas. Même avec un autre partenaire.
Et le pire dans tout ça ? C’est que vous pâtissez de quelque chose qui n’arrivera peut-être jamais. Vous anticipez, par peur de revivre la même douleur. Mais cette anticipation vous vole le présent. Et elle vous pousse à vivre dans la méfiance, même quand il n’y a aucun signe.
Les messages invisibles de la société
La fidélité est souvent apparentée à une preuve ultime d’amour dans notre société. Mais si ce modèle est remis en question, tout s’effondre. Résultat : vous pensez que l’infidélité remet tout en question : votre valeur, votre relation, votre futur.
Se questionner sur ce qui compte vraiment pour soi est la clé d’une relation saine aux autres, au monde. C’est important si vous dites que c’est important — pas pour vous conformer à ce que dit la société, à ce qu’elle entend du bien ou du mal, de la morale.
Dans ce cadre, on peut construire avec l’autre son propre contrat de couple ; savoir énoncer clairement ses limites est essentiel. Car la trahison commence d’abord par une rupture d’un contrat de départ.
Cette peur parle-t-elle vraiment de l’autre ?
C’est la question qui change tout. Quand vous sentez la panique monter. Posez-vous cette question : Et si ce que je ressens ne parlait pas de lui ou d’elle. Mais de moi ?
On projette nos blessures sur l’autre
Vous connaissez le principe du projecteur ? Quand on est mal, on cherche une cause, un fautif, un indice. On projette à l’extérieur une peur qui vient de l’intérieur.
C’est la manière la plus facile de repousser sa propre responsabilité. Regarder ailleurs est une fuite, un mensonge. Car le monde n’existe que par la vision que l’on lui donne. La réponse est toujours en nous-mêmes.
De plus, le couple est toujours la cible première de nos insécurités. Il est plus facile de se dire que c’est la faute de l’autre. Alors que peut-être est-ce votre travail qui ne vous convient plus ? Ou alors votre frustration qui parle de vous, de ce que vous n’avez pas le courage d’être ou de faire ?
La méthode des 5 pourquoi
La cause réelle de nos peurs est la plupart du temps bien enfouie à la racine. Quand vous pensez avoir peur de l’infidélité, c’est souvent le vernis d’une réalité toute autre. Alors courage : il est temps d’aller gratter un peu plus loin.
Vous connaissez la méthode des 5 pourquoi ? C’est une technique qui permet d’aller chercher les causes profondes d’un problème. Alors vous voulez essayer ? Allez c’est parti.
— J’ai peur qu’il me trompe → Pourquoi ?
→ Parce qu’il rencontre beaucoup d’autres femmes dans son travail → Pourquoi est-ce un problème ?
→ Car il va rencontrer des femmes jolies, intéressantes, brillantes → Pourquoi est-ce un problème ?
→ Parce qu’il pourrait se rendre compte qu’elles sont mieux que moi → Pourquoi sont-elles mieux que vous ?
→ Parce que je ne suis ni jolie ni intéressante ni brillante…
Ici, la peur de l’infidélité révèle un manque d’estime de soi.
La peur de n’être pas assez
Oui, cette peur parle de vous. Vous doutez en réalité de votre propre valeur.
Cette peur n’est pas forcément celle d’une trahison réelle. Elle est le reflet d’un manque d’estime de soi. Vous énumérez inconsciemment toutes les raisons pour lesquelles votre partenaire pourrait choisir mieux. Au fond, vous ne comprenez même pas pourquoi il vous aime, vous.
Comment le pourrait-il ? Puisque vous-même, vous n’en êtes pas capable.
Quand la dépendance affective se cache
Aimer, ce n’est pas vouloir tout contrôler, posséder l’autre.
En amour, on ne perd jamais rien, car rien ne nous appartient vraiment — surtout pas les êtres. Si votre partenaire doit vous quitter, il le fera. Si votre partenaire doit vous trahir, il le fera. Mais vous savez quoi ? C’est pareil pour vous. Une chose est sûre : la peur n’évite pas le danger.
Ayez confiance. Ne vous accrochez pas à la peur de perdre. Savourez chaque jour ce qui est, là, ici et maintenant.
Travailler sur son histoire personnelle
Une fois que vous avez compris ce que la peur de l’infidélité réveille, il est temps de travailler sur vous. Et spoiler : oui, on peut avancer avec l’autre, même cabossé. Le lien sain répare, au contraire. L’autre est un formidable vecteur de travail personnel.
L’empreinte de l’abandon
Avez-vous grandi avec un parent instable ? Un adulte trop souvent absent, froid ou imprévisible ? Avez-vous connu l’expérience d’être mis de côté, sans explication ?
Ce genre de vécu laisse une empreinte d’abandon. Très tôt, vous avez appris qu’aimer voulait dire « être en danger de perdre ». Alors, aujourd’hui, même dans une relation stable, votre système nerveux s’affole dès que l’autre s’éloigne. Comme s’il allait disparaître. C’est possible de changer : une relation sécure ne dépend pas que de l’autre, mais de votre propre capacité de résilience.
Remplacer le contrôle par le dialogue
Surveiller, fouiller, questionner sans fin, ça épuise. Et ça détruit la relation.
Et vous choisissez autre chose : le dialogue. Plutôt que de supposer, posez des questions, parlez de vos émotions et ressentis. Ouvrez l’espace du lien, plutôt que de le refermer sous la peur.
Rappelez-vous que l’autre est libre (et vous aussi)
Vous ne pourrez jamais empêcher quelqu’un de partir ou de vous trahir. Vous vivez dans ce monde-là, fait d’humains imparfaits et perfectibles. Mais vous pouvez faire un choix puissant : vous offrir une relation où vous vous sentez respecté, entendu et libre.
Et si l’autre ne peut pas — ou ne veut pas — vous offrir cela ? Cette peur devient un signal de vos limites. Pas un problème à soigner. Mais une frontière à poser ou une relation à quitter.
La peur de l’infidélité est courante. Elle fait du mal à beaucoup de couples. Il ne s’agit pas de la taire ou d’en avoir honte. Mais ne la laissez pas se nourrir de vos traumatismes, comme le ver dans une pomme. Il faut la regarder en face, comprendre que derrière elle se niche un problème bien plus profond, qui n’appartient qu’à vous. Vous méritez un amour sain, dans lequel vous pouvez vous épanouir.
Vous pouvez choisir de vous reconnecter à vous-même, de prendre soin de vos blessures. Non plus en les niant, mais en les écoutant. Cette peur n’est pas une ennemie. C’est un signal précieux. Une invitation à vous réparer.
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